— Et tout le long du trajet entre les deux astronefs ! ajouta Pour Hiss.
— Bien sûr ! Comme nous ne savons pas ce qui nous menace, nous ferons un barrage double, radio-actif et électrique. On tendra des fils, on fera un corridor de lumière. Derrière la
La tête de Bina Led heurta la table. Malgré la pesanteur exténuante le médecin et le second astronome s’approchèrent de leur compagne évanouie.
— Ce n’est rien ! déclara Louma Lasvî, une commotion et de la surtension. Aidez-moi à la mettre au lit.
Cette simple besogne aurait pris pas mal de temps, si le mécanicien Taron n’avait pas eu l’idée d’employer un chariot automatique. On put de cette manière voiturer les huit éclaireurs jusqu’à leurs couchettes : il était temps de se reposer, pour éviter que la surtension de l’organisme inadapté aux conditions nouvelles ne se changeât en maladie. A ce moment critique, chaque membre « de l’expédition était irremplaçable.
Deux véhicules automatiques accouplés, pour les transports de toute sorte et les travaux publics, nivelèrent bientôt le chemin entre les astronefs. De gros câbles furent tendus de part et d’autre de la route. On érigea auprès des deux vaisseaux des miradors à cloche épaisse en silicobore18, où se tenaient des observateurs armés de chambres pulsatives qui envoyaient de temps à autre, le long du chemin, des faisceaux de rayons mortels. La vive lumière des projecteurs ne s’éteignait pas un instant. Dans la carène de la
Les hommes s’accoutumaient peu à peu aux « squelettes» d’acier et à la force de pesanteur presque triple. Les douleurs intolérables qui leur avaient tenaillé les os au début faiblissaient.
Plusieurs jours terrestres s’écoulèrent. Le « rien » mystérieux ne se montrait pas. La température ambiante baissait rapidement. Un ouragan s’éleva, s’accrut d’heure en heure. C’était le soleil noir qui se couchait : la rotation de la planète amenait du côté « nocturne » le continent où se trouvaient les astronefs. Les courants de convection, la restitution de chaleur par l’océan et l’épaisse enveloppe atmosphérique amortissaient l’écart de température ; néanmoins, vers le milieu de la « nuit » planétaire, le froid devint intense. On poursuivit les travaux en prenant soin de brancher les dispositifs thermogènes des scaphandres. Comme on avait transporté vers la Tuntra le premier container descendu de la
Erg Noor donna l’ordre à ses hommes de se réfugier dans le vaisseau.
— Et l’observateur qui est resté là-bas ! s’écria Bina Led en montrant le feu presque imperceptible du mirador.
— Oui, il y a Niza, j’y vais, répondit Erg Noor.
— Le courant est coupé, le « rien » entre dans ses droits, objecta sérieusement Bina.
— Si l’ouragan agit sur nous, il doit en faire autant pour le « rien ». Je suis sûr qu’il n’y a aucun danger jusqu’à la fin de la tempête. Quant à moi, je suis trop lourd ici pour que le vent m’emporte, si je rampe plaqué au sol ... Il y a longtemps que j’ai envie de surprendre ce « rien » du haut du mirador !
— Permettez que je voifs accompagne ? fit le biologiste en le rattrapant d’un bond.
— Venez, vous et personne d’autre. C’est de votre ressort.