Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

À dix heures du matin, le 13 décembre, Gilbert entra dans le Havre et, du premier abord, aperçut l’Adonis, beau brick de trois cents tonneaux, qui se balançait dans le bassin.

Le port était désert. Gilbert s’y aventura par le moyen d’une passerelle. Un mousse s’approcha de lui pour l’interroger.

– Le capitaine? demanda Gilbert.

Le mousse fit un signe dans l’entrepont et, bientôt après, une voix partie d’en bas cria:

– Faites descendre.

Gilbert descendit. On le mena dans une petite chambre toute construite en bois d’acajou et meublée avec la plus sobre simplicité.

Un homme de trente ans, pâle, nerveux, l’œil vif et inquiet, lisait une gazette sur une table d’acajou comme les cloisons.

– Que veut monsieur? dit-il à Gilbert.

Gilbert fit signe à cet homme d’éloigner son mousse, et le mousse partit en effet.

– Vous êtes le capitaine de l’Adonis, monsieur? dit Gilbert aussitôt.

– Oui, monsieur.

– C’est bien à vous alors qu’est adressé ce papier?

Il tendit au capitaine le billet de Balsamo.

À peine eut-il vu l’écriture, que le capitaine se leva et dit précipitamment à Gilbert avec un sourire plein d’affabilité:

– Ah! vous aussi?… Si jeune? Bien! bien!

Gilbert se contenta de s’incliner.

– Vous allez?… dit-il.

– En Amérique.

– Vous partez?…

– Quand vous partirez vous-même.

– Bien. Dans huit jours, alors.

– Que ferai-je pendant tout ce temps, capitaine?

– Avez-vous un passeport?

– Non.

– Alors, vous allez, ce soir même, revenir à bord, après vous être promené toute la journée hors de la ville, à Sainte-Adresse, par exemple. Ne parlez à personne.

– Il faut que je mange; je n’ai plus d’argent.

– Vous allez dîner ici; vous souperez ce soir.

– Et après?

– Une fois embarqué, vous ne retournerez plus à terre; vous demeurerez caché ici; vous partirez sans avoir revu le ciel… Une fois en mer, à vingt lieues, alors, libre tant que vous voudrez.

– Bien.

– Faites donc aujourd’hui tout ce qu’il vous reste à faire.

– J’ai une lettre à écrire.

– Écrivez-la…

– Où?

– Sur cette table… Voici plume, encre et papier; la poste est au faubourg, le mousse vous conduira.

– Merci, capitaine!

Gilbert, demeuré seul, écrivit une courte lettre sur laquelle il mit cette suscription:

«Mademoiselle Andrée de Taverney, Paris, rue Coq-Héron, 9, la première porte cochère en partant de la rue Plâtrière.»

Puis il serra cette lettre dans sa poche, mangea ce que le capitaine lui-même lui servait, et suivit le mousse, qui le conduisit à la poste, où la lettre fut jetée.

Tout le jour, Gilbert regarda la mer du haut des falaises.

À la nuit, il revint. Le capitaine le guettait et le fit entrer dans le navire.

<p id="_Toc103006350">Chapitre CLXII Le dernier adieu de Gilbert</p>

Philippe avait passé une nuit terrible. Ces pas sur la neige lui démontraient jusqu’à l’évidence que quelqu’un s’était introduit dans la maison pour enlever l’enfant; mais qui accuser? Nul autre indice ne précisait ses soupçons.

Philippe connaissait si bien son père, qu’il ne douta pas de sa complicité dans cette affaire. M. de Taverney croyait Louis XV père de cet enfant; il devait attacher un grand prix à la conservation de ce témoignage vivant d’une infidélité faite par le roi à madame du Barry. Le baron devait croire également que tôt ou tard Andrée recourrait à la faveur et qu’elle rachèterait fort cher alors le principal moyen de sa fortune à venir.

Ces réflexions, basées sur une révélation toute fraîche encore du caractère paternel, consolèrent un peu Philippe, qui crut possible de reconquérir cet enfant puisqu’il connaissait les ravisseurs.

Il guetta donc, à huit heures, l’entrée du docteur Louis, auquel, dans la rue, en se promenant de long en large, il conta l’affreux événement de la nuit.

Le docteur était homme de bon conseil; il examina les traces du jardin, et, après réflexion, conclut en faveur des suppositions de Philippe.

– Le baron m’est assez connu, dit-il, pour que je le crois capable de cette mauvaise action. Toutefois, ne se peut-il pas qu’un autre intérêt, plus immédiat, ait déterminé l’enlèvement de cet enfant?

– Quel intérêt, docteur?

– Celui du véritable père.

– Oh! s’écria Philippe, j’avais eu un moment cette pensée; mais le malheureux n’a pas seulement de pain pour lui; c’est un fou, un exalté, fugitif à l’heure qu’il est, et qui doit avoir peur même de mon ombre… Ne nous trompons pas, docteur, le misérable a commis ce crime par occasion; mais, à présent que je suis plus éloigné de la colère, bien que je le haïsse, ce criminel, je crois que j’éviterais sa rencontre, afin de ne pas le tuer. Je crois qu’il doit éprouver des remords qui le punissent; je crois que la faim et le vagabondage me vengeront de lui aussi efficacement que mon épée.

– N’en parlons plus, dit le docteur.

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