Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

Ce fut une terrible nuit; il put entendre tout: gémissements, cris arrachés par la torture; il entendit jusqu’aux premiers vagissements du fils qui lui était né.

Cependant, appuyé sur la pierre nue, il recevait, sans la sentir, toute la neige qui tombait drue et solide du ciel noir. Son cœur battait sur le manche de ce couteau qu’il serrait désespérément contre sa poitrine. Son œil fixe avait la couleur du sang, la lumière du feu.

Enfin le docteur sortit; enfin Philippe échangea les derniers mots avec le docteur.

Alors Gilbert s’approcha de la persienne, marquant sa trace sur le tapis de neige qui craquait sous ses pieds jusqu’à la cheville. Il vit Andrée endormie dans son lit, Marguerite assoupie dans le fauteuil; et, cherchant l’enfant près de la mère, il ne le vit point.

Il comprit aussitôt, se dirigea vers la porte du perron, l’ouvrit non sans un bruit qui l’épouvanta et, pénétrant jusqu’au lit qui avait été le lit de Nicole, il posa à tâtons ses doigts glacés sur le visage du pauvre enfant, à qui la douleur arracha les cris entendus par Andrée.

Puis, roulant le nouveau-né dans une couverture de laine il l’emporta, laissant la porte entrebâillée, pour ne pas redoubler le bruit si dangereux.

Une minute après, il avait gagné la rue par le jardin; il courait à la rencontre de son cabriolet, en chassait le postillon qui s’était endormi sous la capote, et, fermant le rideau de cuir, tandis que l’homme remontait à cheval:

– Un demi-louis pour toi, dit-il, si dans un quart d’heure nous avons franchi la barrière.

Les chevaux, ferrés à glace, partirent au galop.

<p id="_Toc103006348">Chapitre CLX La famille Pitou</p>

Pendant la route, tout effrayait Gilbert. Le bruit des voitures qui suivaient ou dépassaient la sienne, les plaintes du vent dans les arbres desséchés lui semblaient être une poursuite organisée, ou des cris poussés par ceux à qui l’enfant avait été pris.

Cependant, rien ne menaçait. Le postillon fit bravement son devoir et les deux chevaux arrivèrent fumants à Dammartin à l’heure que Gilbert avait fixée, c’est-à-dire avant les premières clartés du jour.

Gilbert donna son demi-louis, changea de chevaux et de postillon, et la course recommença.

Pendant toute la première partie de la route, l’enfant, soigneusement abrité par la couverture et garanti par Gilbert lui-même, n’avait pas senti les atteintes du froid et n’avait point poussé un seul cri. Sitôt que le jour parut, apercevant au loin la campagne, Gilbert se sentit plus courageux, et, pour couvrir les plaintes que l’enfant commençait à faire entendre, il entama une de ces éternelles chansons comme il en chantait à Taverney au retour de ses chasses.

Le cri de l’essieu, des soupentes, le bruit de ferraille de toute la voiture, les grelots des chevaux, lui firent un accompagnement diabolique dont le postillon augmenta lui-même l’intensité en mêlant au refrain de Gilbert les éclats d’une Bourbonnaise tant soit peu séditieuse.

Il en résulta que ce dernier conducteur ne soupçonna même pas que Gilbert emportait un enfant dans le cabriolet. Il arrêta ses chevaux en avant de Villers-Cotterêts, reçut, comme on en était convenu, le prix du voyage, plus un écu de six livres, et Gilbert reprenant son fardeau soigneusement enfermé par les plis de la couverture, entonnant le plus sérieusement possible sa chanson, s’éloigna subitement, enjamba un fossé et disparut dans un sentier jonché de feuilles, qui descendait, en tournoyant à gauche de la route, vers le village d’Haramont.

Le temps s’était mis au froid. Plus de neige depuis quelques heures; un terrain ferme et hérissé de broussailles aux longs filaments, aux touffes épineuses. Au-dessus se dessinaient, sans feuilles et attristés, les arbres de la forêt, par les branchages desquels brillait l’azur pâle d’un ciel encore embrumé.

L’air si vif, les parfums des essences de chêne, les perles de glace suspendues aux extrémités des branches, toute cette liberté, toute cette poésie frappèrent vivement l’imagination du jeune homme.

Il marcha d’un pas rapide et fier par la petite ravine, sans broncher, sans chercher; car il interrogeait, au milieu des bouquets d’arbres, le clocher du hameau et la fumée bleue des cheminées qui filtrait parmi les treillis grisâtres des branchages. Au bout d’une petite demi-heure, il franchissait un ruisseau bordé de lierre et de cresson jaunis, et demandait, à la première cabane, aux enfants d’un laboureur, de le conduire chez Madeleine Pitou.

Muets et attentifs, sans être hébétés ni immobiles comme d’autres paysans, les enfants se levèrent, et regardant l’étranger dans les yeux, ils le conduisirent, se tenant par la main, jusqu’à une chaumière assez grande, d’assez bonne apparence, et située sur le bord du ruisseau qui longeait la plupart des maisons du village.

Ce ruisseau roulait ses eaux limpides et un peu grossies par les premières fontes de neige. Un pont de bois, c’est-à-dire une grosse planche, joignait la route aux degrés de terre qui conduisaient à la maison.

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