Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

– Reprends des forces, lui dit Balsamo en la regardant avec une sombre extase; tout à l’heure, j’aurai encore besoin de toute ta lucidité. O science! continua-t-il avec le caractère de la plus croyante exaltation, toi seule ne trompes pas! C’est donc à toi seule que l’homme doit tout sacrifier. Cette femme est bien belle, ô mon Dieu! Cet ange est bien pur! Et tu le sais, toi qui crées les anges et les femmes! Mais, pour moi, que vaut en ce moment la beauté? que vaut l’innocence? Un simple renseignement que la beauté et l’innocence seules me peuvent donner. Meure la créature, si belle, si pure, si parfaite qu’elle soit, pourvu que sa bouche parle! Meurent, les délices du monde entier, amour, passion, extase, pourvu que je puisse toujours marcher d’un pas sûr et éclairé! Et maintenant, jeune fille, maintenant que, par le pouvoir de ma volonté, quelques secondes de sommeil t’ont rendu autant de forces que si tu venais de dormir vingt ans, maintenant réveille-toi, ou plutôt replonge-toi dans ton clairvoyant sommeil. J’ai encore besoin que tu parles; cette fois, seulement, tu vas parler pour moi.

Et Balsamo, étendant de nouveau les mains vers Andrée, força la jeune fille de se redresser sous un souffle tout-puissant.

Puis, lorsqu’il la vit préparée et soumise, il tira de son portefeuille un papier plié en quatre, dans lequel était renfermée une boucle de cheveux d’un noir chaud comme la résine. Les parfums dont elle était imprégnée avaient rendu le papier diaphane.

Balsamo mit la boucle de cheveux dans la main d’Andrée.

– Voyez, demanda-t-il.

– Oh! encore! dit la jeune fille avec angoisse. Oh! non, non; laissez-moi tranquille; je souffre trop… Oh! mon Dieu! mon Dieu! tout à l’heure je me sentais si bien!

– Voyez! répondit Balsamo en posant impitoyablement le bout de la verge d’acier sur la poitrine de la jeune fille.

Andrée se tordit les mains; elle essaya de se soustraire à la tyrannie de l’expérimentateur. L’écume vint à ses lèvres, comme autrefois à celles de la pythie assise sur le trépied sacré.

– Oh! je vois, je vois! cria-t-elle avec le désespoir de la volonté vaincue.

– Que voyez-vous?

– Une femme.

– Ah! murmura Balsamo avec une joie sauvage, la science n’est donc pas un vain mot comme la vertu! Mesmer a vaincu Brutus. Voyons, dépeignez moi cette femme, afin que je sache si vous avez bien vu.

– Brune, grande, des yeux bleus, des cheveux noirs, des bras nerveux.

– Que fait-elle?

– Elle court, elle vole, elle semble emportée par un cheval magnifique, couvert de sueur.

– De quel côté va-t-elle?

– Par là, par là, dit la jeune fille en montrant l’ouest.

– Sur la route?

– Oui.

– De Châlons?

– Oui.

– C’est bien, fit Balsamo; elle suit la route que je dois suivre. Elle va à Paris comme j’y vais; c’est bien: je la retrouverai à Paris. Reposez-vous maintenant, dit-il à Andrée en lui reprenant la boucle qu’elle n’avait point lâchée.

Les bras d’Andrée retombèrent immobiles le long de son corps.

– Maintenant, dit Balsamo, retournez au clavecin.

Andrée fit un pas vers la porte; mais ses jambes, brisées par une inexprimable fatigue, refusèrent de la porter: elle chancela.

– Reprenez de la force et continuez, reprit Balsamo en l’enveloppant d’une nouvelle émission de fluide.

Andrée imita le généreux coursier qui se raidit pour accomplir la volonté de son maître, cette volonté fût-elle injuste.

Elle marcha.

Balsamo rouvrit sa porte, et Andrée, toujours endormie, descendit lentement l’escalier.

<p id="_Toc103004293">Chapitre X Nicole Legay</p>

Gilbert avait passé tout le temps que dura l’interrogatoire de Balsamo dans des angoisses inexprimables.

Tapi sous la cage de l’escalier, parce qu’il n’osait plus monter jusqu’à la porte pour écouter ce qui se disait dans la chambre rouge, il avait fini par entrer dans un désespoir dont un éclat, grâce aux élans d’un caractère comme celui de Gilbert, devait sans aucun doute faire le dénouement.

Ce désespoir s’augmentait du sentiment de sa faiblesse et de son infériorité. Balsamo n’était qu’un homme; car Gilbert, esprit fort, philosophe en herbe, croyait peu aux sorciers. Mais cet homme était fort, Gilbert était faible; cet homme était brave, Gilbert ne l’était pas encore. Vingt fois Gilbert se souleva pour remonter l’escalier avec l’intention, le cas échéant, de tenir tête au baron. Vingt fois ses jambes tremblantes fléchirent sous lui, et il retomba sur ses genoux.

Une idée lui vint alors, c’était d’aller chercher une échelle dont La Brie, qui était tout à la fois cuisinier, valet de chambre et jardinier, se servait pour palisser les jasmins et les chèvrefeuilles de la muraille. En l’appliquant contre la galerie de l’escalier, et parvenu là, il ne perdrait pas un des bruits révélateurs qu’il désirait si ardemment surprendre.

Il gagna donc l’antichambre, puis la cour, et courut à l’endroit où il savait trouver l’échelle, couchée au pied de la muraille. Mais comme il se baissait pour la ramasser, il lui sembla entendre quelque froissement du côté de la maison; il se retourna.

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