Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

Pendant que ces préparatifs se faisaient chez la comtesse, le bruit de la présentation courait par la ville. Tout désœuvré qu’il est et tout indifférent qu’il paraît, le peuple parisien est le plus nouvelliste de tous les peuples. Nul n’a mieux connu les personnages de la cour et leurs intrigues que le badaud du dix-huitième siècle, celui-là même qui n’était admis à aucune fête d’intérieur, qui ne voyait que les panneaux hiéroglyphiques des carrosses et les mystérieuses livrées des laquais coureurs de nuit. Il n’était point rare alors que tel ou tel seigneur de la cour fût connu de tout Paris; c’était simple: au spectacle, aux promenades, la cour jouait le principal rôle. Et M. de Richelieu, sur son tabouret de la scène italienne, madame du Barry, dans son carrosse éclatant comme celui d’une reine, posaient autant devant le public qu’un comédien aimé ou qu’une actrice favorite de nos jours.

On s’intéresse bien plus aux visages que l’on connaît. Tout Paris connaissait madame du Barry, ardente à se montrer au théâtre, à la promenade, dans les magasins, comme les femmes riches, jeunes et belles. Puis il la connaissait encore par ses portraits, par ses caricatures, par Zamore. L’histoire de la présentation occupait donc Paris presque autant qu’elle occupait la cour. Ce jour-là, il y eut encore rassemblement à la place du Palais-Royal, mais nous en demandons bien pardon à la philosophie, ce n’était point pour voir M. Rousseau jouant aux échecs au café de la Régence, c’était pour voir la favorite dans son beau carrosse et dans sa belle robe, dont il avait été tant parlé. Le mot de Jean du Barry: «Nous coûtons cher à la France», était profond, et il était tout simple que la France, représentée par Paris, voulût jouir du spectacle qu’elle payait si cher.

Madame du Barry connaissait parfaitement son peuple; car le peuple français fut bien plus son peuple qu’il n’avait été celui de Marie Leckzinska. Elle savait qu’il aimait à être ébloui; et comme elle était d’un bon caractère, elle travaillait à ce que le spectacle fût en proportion de la dépense, Au lieu de se coucher, comme le lui avait conseillé son beau-frère, elle prit de cinq à six heures un bain de lait; puis enfin, à six heures, elle se livra à ses femmes de chambre, en attendant l’arrivée du coiffeur.

Il n’y a pas d’érudition à faire à propos d’une époque si bien connue de nos jours, qu’on pourrait presque la dire contemporaine, et que la plupart de nos lecteurs savent aussi bien que nous, Mais il ne sera pas déplacé d’expliquer, en ce moment surtout, ce qu’une coiffure de madame du Barry devait coûter de soins, de temps et d’art.

Qu’on se figure un édifice complet. Le prélude de ces châteaux que la cour du jeune roi Louis XVI se bâtissait tout crénelés sur la tête, comme si tout, à cette époque, eût dû être un présage, comme si la mode frivole, écho des passions sociales qui creusaient la terre sous les pas de tout ce qui était ou de tout ce qui paraissait grand, avait décrété que les femmes de l’aristocratie avaient trop peu de temps à jouir de leurs titres pour ne pas les afficher sur leur front; comme si, prédiction plus sinistre encore, mais non moins juste, elle leur eût annoncé qu’ayant peu de temps à garder leurs têtes, elles devaient les orner jusqu’à l’exagération et les élever le plus possible au dessus des têtes vulgaires.

Pour natter ces beaux cheveux, les relever autour d’un coussin de soie, les enrouler sur des moules de baleine, les diaprer de pierreries, de perles, de fleurs, les saupoudrer de cette neige qui donnait aux yeux le brillant, au teint la fraîcheur; pour rendre harmonieux, enfin, ces tons de chair, de nacre, de rubis, d’opale, de diamants, de fleurs omnicolores et multiformes, il fallait être non seulement un grand artiste, mais encore un homme patient.

Aussi, seuls de tous les corps de métiers, les perruquiers portaient l’épée comme les statuaires.

Voilà ce qui explique les cinquante louis donnés par Jean du Barry au coiffeur de la cour, et la crainte que le grand Lubin, – le coiffeur de la cour à cette époque se nommait Lubin, – et la crainte, disons-nous, que le grand Lubin ne fût moins exact ou moins adroit qu’on ne l’espérait.

Ces craintes ne furent bientôt que trop justifiées: six heures sonnèrent, le coiffeur ne parut point; puis six heures et demie, puis sept heures moins un quart. Une seule chose rendait un peu d’espérance à tous ces cœurs haletants, c’est qu’un homme de la valeur de M. Lubin devait naturellement se faire attendre.

Mais sept heures sonnèrent; le vicomte craignit que le dîner préparé pour le coiffeur ne refroidît, et que cet artiste ne fût pas satisfait. Il envoya donc chez lui un grison pour le prévenir que le potage était servi.

Le laquais revint un quart d’heure après.

Ceux qui ont attendu en pareille circonstance savent seuls ce qu’il y a de secondes dans un quart d’heure.

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