Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

– Je vais vous souscrire une obligation de douze mille livres qui, avec les douze mille que vous avez déjà reçues, feront juste les vingt-quatre mille.

– Voici l’écritoire, madame, dit la comtesse en montrant du doigt l’objet qu’elle nommait.

– Je vais avoir l’honneur de vous la passer, dit madame du Barry.

– À moi?

– Oui.

– Pour quoi faire?

– Pour que vous daigniez écrire à Sa Majesté la petite lettre que je vais avoir l’honneur de vous dicter. Donnant donnant.

– C’est juste, dit madame de Béarn.

– Veuillez donc écrire, madame.

La vieille attira la table près de son fauteuil, apprêta son papier, prit la plume et attendit.

Madame du Barry dicta:

«Sire, le bonheur que je ressens de voir acceptée par Votre Majesté l’offre que j’ai faite d’être la marraine de ma chère amie, la comtesse du Barry…»

La vieille allongea les lèvres et fit cracher sa plume.

– Vous avez une mauvaise plume, comtesse, dit la favorite, il faut la changer.

– Inutile, madame, elle s’habituera.

– Vous croyez?

– Oui.

Madame du Barry continua:

«…m’enhardit à solliciter Votre Majesté de me regarder d’un œil favorable quand demain je me présenterai à Versailles, comme vous daignez le permettre. J’ose croire, sire, que Votre Majesté peut m’honorer d’un bon accueil, étant alliée d’une maison dont chaque chef a versé son sang pour le service des princes de votre auguste race.»

– Maintenant, signez, s’il vous plaît.

Et la comtesse signa:

«Anastasie-Euphémie-Rodolphe,

Comtesse de Béarn»

La vieille écrivait d’une main ferme; les caractères, grands d’un demi-pouce, se couchaient sur le papier, qu’ils saupoudrèrent d’une quantité aristocratique de fautes d’orthographe.

Lorsqu’elle eut signé, la vieille, tout en retenant d’une main la lettre qu’elle venait d’écrire, passa de l’autre main l’encre, le papier et la plume à madame du Barry, laquelle, d’une petite écriture droite et épineuse, souscrivit une obligation de vingt et une mille livres, douze mille pour indemniser de la perte des vignes, neuf mille pour payer les honoraires de maître Flageot.

Puis elle écrivit une petite lettre à MM. Boëhmer et Bassange, joailliers de la couronne, les priant de remettre au porteur la parure de diamants et d’émeraudes appelée Louise, parce qu’elle venait de la princesse tante du dauphin, laquelle l’avait vendue pour ses aumônes.

Cela fini, marraine et filleule échangèrent leur papier.

– Maintenant, dit madame du Barry, donnez-moi une preuve de bonne amitié, chère comtesse.

– De tout mon cœur, madame.

– Je suis sûre que si vous consentez à vous installer chez moi, Tronchin vous guérira en moins de trois jours. Venez-y donc; en même temps vous essayerez de mon huile, qui est souveraine.

– Montez toujours en carrosse, madame, dit la prudente vieille; j’ai quelques affaires à terminer ici avant de vous rejoindre.

– Vous me refusez?

– Je vous déclare, au contraire, que j’accepte, madame; mais pas pour le moment présent. Voici une heure qui sonne à l’Abbaye; donnez-moi jusqu’à trois heures; à cinq heures précises, je serai à Luciennes.

– Permettez-vous qu’à trois heures mon frère vienne vous prendre avec son carrosse?

– Parfaitement.

– Maintenant, soignez-vous d’ici là.

– Ne craignez rien. Je suis gentilfemme, vous avez ma parole, et, dussé-je en mourir, je vous ferai honneur demain à Versailles.

– Au revoir, ma chère marraine!

– Au revoir, mon adorable filleule!

Et elles se séparèrent ainsi, la vieille toujours couchée, une jambe sur ses coussins, une main sur ses papiers; madame du Barry, plus légère encore qu’à son arrivée, mais le cœur légèrement serré de n’avoir pas été la plus forte avec une vieille plaideuse, elle qui, à son plaisir, battait le roi de France.

En passant devant la grande salle, elle aperçut Jean qui, sans doute pour ne pas donner de soupçons sur sa présence prolongée, venait d’attaquer une seconde bouteille.

En apercevant sa belle-sœur, il bondit de sa chaise et courut à elle.

– Eh bien? lui dit-il.

– Voici ce qu’a dit le maréchal de Saxe à Sa Majesté en lui montrant le champ de bataille de Fontenoy: «Sire, apprenez par ce spectacle combien une victoire est chère et douloureuse.»

– Nous sommes donc vainqueurs? demanda Jean.

– Un autre mot. Mais celui-là nous vient de l’antiquité: «Encore une victoire comme celle-là, et nous sommes ruinés.»

– Nous avons la marraine?

– Oui; seulement, elle nous coûte près d’un million!

– Oh! oh! fit du Barry avec une effroyable grimace.

– Dame! c’était à prendre ou à laisser!

– Mais c’est criant!

– C’est comme cela. Et ne vous rebroussez pas trop encore, car il se pourrait, si vous n’étiez pas bien sage, que nous n’eussions rien du tout ou que cela nous coûtât le double.

– Tudieu! quelle femme!

– C’est une Romaine.

– C’est une Grecque.

– N’importe! Grecque ou Romaine, tenez-vous prêt à la prendre à trois heures, et à me l’amener à Luciennes. Je ne serai tranquille que lorsque je la tiendrai sous clef.

– Je ne bouge pas d’ici, dit Jean.

– Et moi, je cours tout préparer, dit la comtesse.

Et, s’élançant dans son carrosse:

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