Sa gorge lui faisait mal. Il ne comprenait pas pourquoi un simple œuf de Pâques pouvait avoir cet effet-là sur lui.
– Tu n’as pas l’air d’avoir le moral, ces temps-ci, insista Ginny. Tu sais, je suis sûre que si tu allais
– Ce n’est pas à Cho que je veux parler, dit brusquement Harry.
– À qui, alors ?
– Je…
Il jeta un regard dans la salle pour s’assurer que personne ne pouvait les entendre. Madame Pince se trouvait à plusieurs étagères de là, occupée à extraire une pile de livres pour une Hannah Abbot visiblement fébrile.
– Je voudrais parler à Sirius, marmonna-t-il, mais je sais que c’est impossible.
Davantage pour s’occuper les mains que par envie véritable, Harry déballa son œuf de Pâques et en cassa un gros morceau qu’il fourra dans sa bouche.
– En fait, dit lentement Ginny en mangeant à son tour un morceau d’œuf, si tu veux vraiment parler à Sirius, il doit bien y avoir un moyen d’y arriver.
– Tu plaisantes, répondit Harry d’un ton désespéré, avec Ombrage qui fait surveiller les cheminées et lit tout notre courrier ?
– L’avantage d’avoir grandi avec Fred et George, dit Ginny d’un air songeur, c’est qu’on finit par penser que tout est possible quand on a suffisamment de culot.
Harry la regarda. Il ne savait pas si c’était à cause du chocolat – Lupin lui avait toujours conseillé d’en manger après une rencontre avec un Détraqueur – ou simplement parce qu’il avait formulé à voix haute l’envie qui brûlait en lui depuis une semaine, mais il sentit renaître un peu d’espoir.
– QU’EST-CE QUE VOUS FAITES ?
– Aïe, murmura Ginny, j’avais oublié…
Madame Pince s’était ruée sur eux, son visage parcheminé déformé par la rage.
–
Sortant sa baguette magique d’un geste vif, elle ensorcela les livres, le sac et la bouteille d’encre de Harry qui les chassèrent tous les deux de la bibliothèque en leur donnant de grands coups sur la tête tandis qu’ils s’enfuyaient à toutes jambes.
Vers la fin des vacances, comme pour souligner l’importance des examens qui les attendaient, une pile de brochures, de prospectus et d’annonces concernant les diverses carrières de la sorcellerie apparurent sur les tables de la salle commune de Gryffondor, en même temps qu’une note sur le tableau d’affichage :
CONSEILS D’ORIENTATION
Harry consulta la liste et vit qu’il était attendu dans le bureau du professeur McGonagall le lundi à 14 heures 30, ce qui signifiait qu’il manquerait la plus grande partie du cours de divination. Les élèves de cinquième année passèrent presque tout le dernier week-end des vacances de Pâques à lire dans les documents mis à leur disposition les informations fournies sur les possibilités de carrière.
– Je n’ai pas envie de devenir guérisseur, dit Ron, le dernier soir.
Il s’était plongé dans un prospectus dont la première page portait l’emblème de Ste Mangouste, un os et une baguette magique croisés.
– Ils disent là-dedans qu’il faut obtenir au moins un E en potions, en botanique, en métamorphose, en sortilèges et en défense contre les forces du Mal aux épreuves d’ASPIC. Oh, là, là, et à part ça, qu’est-ce qu’il leur faut ?
– C’est un métier à hautes responsabilités, non ? commenta Hermione d’un air absent.
Elle était elle-même absorbée dans la lecture d’un prospectus rose et orange vif intitulé : VOUS AVEZ TOUJOURS ÉTÉ TENTÉ PAR LES RELATIONS PUBLIQUES AVEC LES MOLDUS ?
– Apparemment, on n’a pas besoin de beaucoup de qualifications pour nouer des liens avec les Moldus. Tout ce qu’ils demandent c’est une B.U.S.E. en étude des Moldus. « Ce qui compte surtout, c’est l’enthousiasme, la patience et le sens de la fête ! »
– Il ne suffit pas d’avoir le sens de la fête pour nouer des liens avec mon oncle, dit Harry d’un air lugubre. Il vaut mieux le sens de l’esquive.
Il était en pleine lecture d’une brochure sur la banque chez les sorciers.
– Écoutez ça : « Vous recherchez une carrière exigeante qui vous permette de voyager, de connaître l’aventure, de partir à la recherche souvent périlleuse de trésors substantiels ? Pourquoi ne pas envisager un emploi chez Gringotts, la banque des sorciers, qui recrute actuellement des briseurs de maléfices pour des postes passionnants à l’étranger… » Mais il faut avoir fait de l’arithmancie. Ça pourrait te convenir, Hermione !
– Je n’ai pas très envie d’entrer dans une banque, répondit Hermione d’un ton vague.